Fontaine de Lupin ou de Saint-Nazaire

France > Nouvelle-Aquitaine > Charente-Maritime > Saint-Nazaire-sur-Charente

Une fontaine est bâtie entre 1671 et 1676 dans le lit du fleuve, à la limite des basses eaux, à un kilomètre en aval du fort Lupin. Cette aiguade, élément de l'arsenal édifié par le chevalier de Clerville, sert à ravitailler en eau douce les vaisseaux quittant Rochefort. L'eau qui l'alimente provient, par des canalisations en grès, de la source de Fontpourry à Saint-Nazaire-sur-Charente située à environ 2 kilomètres. Elle est stockée dans un réservoir couvert, bâti sur la rive, puis conduite dans le soubassement de la fontaine. Elle coule ensuite lorsque l'on ouvre l'unique robinet pour remplir les tonneaux chargés sur les chaloupes des navires en partance. Cette fontaine a la forme d'une tour hexagonale de 14 mètres de haut décorée d'un ordre dorique. L'une des fonctions de fort Lupin, situé à son amont, est d'assurer sa protection.

Les besoins en eau augmentent et cette fontaine n'est bientôt plus suffisante pour ravitailler l'ensemble de la flotte. Elle est donc reconstruite par l'ingénieur Onésime Augias, entre 1761 et 1763, pour augmenter son débit et le nombre de ses prises d'eau. Un nouveau réservoir est édifié à côté de l'ancien (en 1759) par l'entrepreneur Christophe Massiou et l'eau d'une deuxième source, dite des Morts, située dans le bourg de Saint-Nazaire, est acheminée vers la canalisation principale. Enfin, le soubassement est agrandi et la tour est reconstruite ; sa clé de voûte porte la date 1763.

A marée basse, les robinets sont émergés et, par gravité, l'eau coule directement pour le remplissage des tonneaux. A marée haute, il fallait actionner une pompe à main après s'être raccordé à la sortie de cette dernière par un tuyau.

Du fait du manque d'eau potable pour la consommation quotidienne des habitants de Rochefort dans les années 1860, la marine fournit de l'eau de la fontaine de Lupin amenée par de bateaux-citernes de l'Etat : une citerne par jour de 80 mètres-cubes.

Dans les années 1880, sur les terrains situés au sud-est de la fontaine est construit un magasin à fulmi-coton, ainsi que ses annexes. Des travaux d'entretien sont régulièrement effectués à la fontaine et à ses réservoirs. En 1901, une pompe à vapeur est installée à la source de Fontpourry. Puis, vers 1912, de nouvelles canalisations en fonte remplacent les anciennes en poterie. Le système de réception des eaux dans le soubassement et d'alimentation par les robinets de l'aiguade est court-circuité par une conduite amenant directement l'eau des réservoirs dans la tour.

En 1924, ce poste d'eau douce est gardé par un invalide de la Marine. Il cesse de fonctionner à la fin des années 1920, semble-t-il. Le bassin ouest est démoli et ses matériaux récupérés : le beau fronton historié de la porte, dont les fragments ont été sauvegardés par le dernier gardien, est reconstitué en 1955 et installé dans la cour du musée de la Marine, à Rochefort ; il est désormais présenté sur le site, au nord-ouest de l'ancien réservoir. Dans les années 1960, un club nautique est installé dans un local bâti au-dessus du réservoir oriental ; ce bâtiment abrite aujourd'hui un restaurant.

La fontaine et l'ensemble de son système d'alimentation ont été protégés au titre des monuments historiques en 1996. Depuis lors, elle a fait l'objet d'une importante campagne de restauration.

Périodes

Principale : 4e quart 17e siècle (détruit)

Principale : 3e quart 18e siècle

Dates

1763, porte la date

Auteurs Auteur : Augias Onésime,
Auteur : Massiou Christophe

Entrepreneur, fontaine Lupin à Saint-Nazaire, vers 1750.

, entrepreneur de maçonnerie (attribution par travaux historiques)

La fontaine s'élève dans le lit de la rivière, à une dizaine de mètres de la rive gauche. L'édifice, de belles proportions, est relié à la berge par un ponton en bois. Au sud, l'ancien réservoir qui servait à stocker l'eau provenant de deux sources sert de soubassement à un bâtiment qui abrite aujourd'hui un restaurant. Au nord-ouest de ce dernier est installé le fronton de la porte du réservoir disparu.

La tour en pierre de taille s'élève au-dessus d'un soubassement légèrement taluté d'environ 5 mètres de haut, de plan carré à un pan coupé au nord, qui forme une plate-forme pavée implantée de biais dans le lit du fleuve. Chacune des cinq faces, contre lesquelles pouvaient accoster les chaloupes, sont dotées de rainures verticales dans lesquelles étaient maintenus des chevrons de bois - aujourd'hui disparus - qui protégeaient la maçonnerie des chocs des coques des chaloupes. La sixième face du soubassement, vers la rive, reçoit le ponton en bois. De ce côté, une niche surbaissée abritait la bouche par laquelle était alimentée le réservoir de la fontaine depuis les deux bassins de la rive. Les cinq autres niches surbaissées protègent chacune un robinet en bronze servant pour l'alimentation des bateaux.

La tour d'environ 6 mètres de haut adopte un plan hexagonal. Chacun de ses côtés est orné d'une arcade aveugle, en plein cintre à deux fasces et agrafe à la clé, qui retombe sur de petits pilastres plats à imposte. Les pilastres d'angle, en bossages, portent un ordre toscan. Enfin, le couronnement est constitué d'une corniche et d'un attique, décoré de tables rectangulaires, qui sert de parapet à la terrasse sommitale. Sur la face sud, la porte d'entrée rectangulaire est surmontée d'un oculus chantourné richement décoré. Dans la face opposée est également ménagé le même type d'oculus à la décoration légèrement différente. Sous cette baie, une ouverture oblongue, datant sans doute des modifications du début du 20e siècle, a été murée. Les autres faces obliques sont elles aussi dotées chacune d'une fenêtre carrée avec feuillure extérieure.

A l'intérieur, les murs sont couronnés d'une petite corniche moulurée, interrompue au niveau des oculi, par-dessus laquelle est bâtie une voûte d'arêtes bombée, dont la clé est gravée de la date "1763". Deux hautes niches pratiquées dans la paroi accueillaient des pompes à main, dont le piston était actionné à l'extérieur par un levier, dit brimbale.

Sur le fronton de l'ancienne porte rectangulaire du réservoir ouest est sculptée en haut-relief une représentation symbolisant les deux sources qui alimentaient l'aiguade. Cette figure reprend le thème du dieu des eaux, traité à la même époque par le sculpteur L. Bourguignon pour la fontaine de la place Colbert, à Rochefort, mais elle est ici plus finement exécutée.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : pierre de taille

Toits
  1. pierre en couverture
Plans

plan centré

Couvrements
  1. voûte d'arêtes
Couvertures
  1. Type de couverture : terrasse

Décors/Technique
  1. sculpture
Décors/Représentation
  1. Representations : rameau

  2. Representations : figure mythologique


Précision sur la représentation :

L'encadrement de l'oculus chantourné au-dessus de la porte de l'aiguade est orné d'ornements végétaux (collerettes et rameaux de feuillages autour, palmette servant d'agrafe, rose épanouie et petits guirlandes de feuilles et fruits en partie basse) et sommé d'une couronne stylisée.

L'oculus de la face opposée possède une décoration composée de feuillages plus gras, un ove servant d'agrafe, et une fleur ressemblant à celle du bégonia en bas.

Le fronton de la porte de l'ancien réservoir occidental est orné d'un homme figurant une divinité des Eaux avec deux jarres renversées d'où coule de l'eau, symbolisant les sources de Fontpourry et des Morts.

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente-Maritime , Saint-Nazaire-sur-Charente

Milieu d'implantation: isolé

Lieu-dit/quartier: Les Fontaines

Cadastre: 1824 A5 2148, 2149, 2015 OA 1489

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